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Dix conseils pratiques sur la gestion des risques à l’intention des dentistes généralistes qui proposent des services d’orthodontie

Posted Oct 7th, 2019 in Actualités, 2019, leadership éclairé

Julian Perez, vice-président, Gestion des risques et conformité chez dentalcorp; Michelle Budd, DCD, consultante en sécurité des patients chez dentalcorp


Compte tenu de l’essor du traitement par aligneurs transparents en dentisterie, le nombre de dentistes généralistes qui proposent des services d’orthodontie comme Invisalign ne cesse d’augmenter. La prestation de services d’orthodontie constitue un élément différenciateur pour les dentistes généralistes et peut permettre aux cliniques de se démarquer sur le marché hautement concurrentiel actuel.

D’autre part, les soins orthodontiques sont un domaine de spécialisation qui ressemble très peu à la dentisterie générale et conservatrice. En effet, dans certaines écoles de dentisterie, les étudiants n’auront acquis pratiquement aucune expérience en orthodontie au moment de l’obtention de leur diplôme. L’offre de services orthodontiques peut présenter un niveau de risque important pour de mauvais résultats et engendrer des plaintes et/ou des poursuites pour faute professionnelle. Du point de vue clinique, le traitement par aligneurs transparents est généralement entamé sans la moindre difficulté. Les complications se manifestent habituellement à la fin des soins, après la date prévue d’achèvement du traitement.

Vous trouverez ci-dessous 10 conseils en matière de gestion des risques à l’intention des dentistes généralistes qui proposent ou qui souhaitent proposer des services d’orthodontie. Le simple fait de connaître les risques à l’avance peut permettre aux cliniques d’en juguler un certain nombre, tout en maintenant le niveau de satisfaction des patients.

1. Savoir quand il est temps de recommander des patients : certains traitements orthodontiques sont complexes. Dans un monde idéal, les dentistes généralistes qui proposent un traitement par aligneurs transparents disposeraient d’un consultant en orthodontie qui les conseillerait sur les cas qui sont simples et ceux qu’il vaudrait mieux laisser aux mains d’un spécialiste. En cas de chirurgie, les dentistes généralistes débutants seraient bien avisés de recommander le patient à un spécialiste pour le volet orthodontique. De plus, lorsque le traitement ne se déroule pas comme attendu, il est essentiel d’obtenir un deuxième avis avant que le patient ne subisse des dommages irréversibles. Par exemple, si des troubles de l’articulation temporomandibulaire apparaissent au milieu du traitement orthodontique ou qu’une récession ou une résorption radiculaire évolue plus rapidement que prévu, des recommandations doivent être immédiatement proposées. Assurez-vous d’être habilité(e) à poser le diagnostic et à exécuter le plan de traitement. En cas de doute, consultez un spécialiste ou recommandez votre patient.

2. Gérer les attentes des patients à l’égard de la durée du traitement : ceci est particulièrement vrai en ce qui concerne l’estimation de la durée d’un traitement orthodontique actif. Chaque patient est unique. Par conséquent, il est préférable de ne pas s’appuyer sur une estimation du stock ou sur une estimation courante. D’ordinaire, les retards mineurs sont pardonnés; néanmoins, chaque patient a une limite au-delà de laquelle il ressent une frustration et perd confiance en son dentiste. Évitez ce risque en informant d’avance les patients que, dans certains cas, les soins d’orthodontie peuvent prendre plus de temps que la durée du traitement estimée.

3. Gérer les attentes des patients à l’égard du résultat final du traitement : lorsqu’il s’agit d’un traitement purement esthétique, les patients et les dentistes peuvent se trouver en désaccord sur le résultat final idéal. Encore une fois, les dentistes doivent préalablement expliquer soigneusement aux patients que les soins orthodontiques peuvent améliorer l’apparence de leur sourire, mais qu’ils ne peuvent offrir un sourire parfait dans chaque cas. Il est indispensable de gérer les attentes. L’utilisation de photographies prises avant et pendant le traitement constitue l’un des moyens de fonder les attentes et d’orienter les conversations. Demander préalablement au patient ce qu’il considère comme un résultat fructueux et gérer ses attentes sur la possibilité d’y parvenir représente une stratégie efficace.

4. Éviter de facturer au patient un prix plus élevé que l’estimation d’origine : quand les soins sont prolongés, les dentistes commencent à engager de dépenses sans générer de nouvelles recettes. Après quelques améliorations, le cas devient de moins en moins rentable. À ce stade, certains dentistes décident de commencer à facturer des frais au patient, même si le montant d’origine a été réglé dans son intégralité. Dans ces cas-là, les patients peuvent naturellement témoigner leur mécontentement. Si votre clinique envisage de facturer au patient un prix plus élevé que le montant convenu au départ, faites preuve de prudence. Si une inobservation intentionnelle est à l’origine du plan de traitement prolongé, alors la facturation supplémentaire peut s’avérer raisonnable. Si le plan de traitement d’origine était irréaliste, la prolongation du traitement à titre de geste commercial peut être avantageuse.

5. Éviter que des caries n’apparaissent pendant les soins d’orthodontie : cela est d’autant plus important avec les boîtiers fixes et les appareils en métal; toutefois, ce conseil s’applique aussi au traitement par aligneurs transparents. Le patient qui consulte un dentiste (même pour des soins d’orthodontie uniquement) toutes les six semaines ne comprendra pas comment des caries ont pu apparaître pendant cette période de consultation. La santé buccodentaire et l’hygiène doivent être gérées durant les soins orthodontiques. Envisagez la prise de radiographies pour vérifier l’absence de caries ainsi que la résorption radiculaire.

6. Avoir conscience des procédures de divorce impliquant les parents de patients mineurs : lorsqu’un mariage prend fin, il se peut que les parents cessent toute coopération. Cela vaut pour tous les soins dentaires, mais l’orthodontie constitue un traitement à long terme que l’on ne peut pas interrompre facilement en cours de route. Les dentistes doivent veiller à ne pas être pris au milieu d’une procédure de divorce litigieuse ou d’un conflit sur la garde. Il est rarement judicieux de prendre parti, mais les parents peuvent exercer une pression sur le dentiste à cette fin. En tant que professionnel des soins de santé, votre obligation fiduciaire se limite au patient. En outre, n’oubliez pas que si vous avez enregistré les renseignements financiers des parents dans le dossier du patient, l’un des parents ou les deux peuvent vous demander de ne pas communiquer ces informations à l’autre. Cette situation peut mener à d’innombrables problèmes lorsque des demandes d’accès au dossier sont déposées.

7. Avoir une idée précise de l’ensemble du traitement du patient : si les soins d’un patient changent au cours du traitement orthodontique, le risque de mécontentement augmente considérablement. Les dentistes et les patients ne sont pas tous compatibles lorsqu’il s’agit de la planification d’un traitement orthodontique. De plus, les dentistes ne veulent généralement pas être tenus de réaliser le plan de traitement établi par un autre dentiste, en particulier au cours de situations problématiques. Le roulement important d’associés augmente substantiellement ce risque. Le traitement ne devrait pas être planifié, à moins de procéder à une discussion et une consultation continues et approfondies avec le patient et de bénéficier d’un environnement de travail stable et favorable.

8. Informer les patients sur la réduction interproximale avant le traitement : certains dentistes peuvent faire preuve d’un certain laxisme en ce qui a trait à la réduction interproximale, lorsque cette dernière est requise. D’autre part, les patients peuvent être choqués et contrariés de constater la diminution de l’épaisseur de leurs dents. Si les patients n’ont pas été correctement informés, vous ne pouvez pas leur en vouloir.

9. Tenir des dossiers de patients en bonne et due forme : les dentistes doivent tenir en tout temps des dossiers appropriés portant sur le diagnostic, le motif de consultation, le consentement éclairé et les notes d’évolution, et s’assurer que tout ceci est en place à la clinique lorsque le patient est traité. Cette disposition est exigée par les règlements provinciaux ainsi que par la loi sur les renseignements de santé. Si un organisme de réglementation demande les dossiers d’orthodontie d’un patient cinq ans après l’achèvement du traitement, ceux-ci doivent être disponibles à la clinique où le patient a reçu le traitement. Des complications peuvent survenir si, par exemple, un associé a quitté la clinique sans transférer au préalable les modèles 3D, etc., depuis le logiciel en ligne utilisé par l’entreprise d’aligneurs transparents vers le système local de gestion des dossiers de la clinique.

10. Obtenir un consentement éclairé : comme pour tout autre traitement, l’obtention d’un consentement éclairé nécessite une discussion continue portant sur toutes les possibilités de traitement et les coûts et avantages qui y sont rattachés. Étant donné la durée et la complexité du traitement d’orthodontie, il est impératif de détenir un diagnostic et un plan de traitement écrits (contenant des possibilités et des recommandations) ainsi que la trace écrite du consentement du patient à l’égard du traitement convenu.

Dans de nombreux cas, le traitement d’orthodontie est entamé lorsque les enfants sont des « mineurs inaptes », c’est-à-dire que les parents ou les tuteurs légaux prennent toutes les décisions relatives à la santé au nom des enfants. Toutefois, lorsque ces derniers atteignent l’âge adulte, ils sont en mesure de prendre des décisions. Cela signifie qu’à un moment donné, le consentement qui a été obtenu auprès de la mère ou du père ne sera plus valable. Dans la plupart des régions du Canada, aucun âge de consentement pour les décisions de soins de santé n’a été fixé. Les dentistes et leurs équipes doivent connaître leurs patients afin de définir s’il convient d’obtenir le consentement de l’enfant ou celui des parents. En cas d’ambiguïté, il est recommandé que les cliniciens obtiennent le consentement des parents et de l’enfant, dans la mesure du possible.


À propos de l’auteurs

Julian Perez est le vice-président de la gestion des risques et de la conformité chez dentalcorp et est chargé du développement, de la mise en place et de la supervision des normes, des programmes et des systèmes à l’échelle de l’entreprise visant à aider les cliniques à offrir des soins optimaux aux patients. Ayant travaillé pour une entreprise juridique de Wall Street à Manhattan ainsi que pour un programme de responsabilité professionnelle proposant une défense à plus de 10 000 dentistes dans le cadre de poursuites pour négligence professionnelle, Julian dispose d’une expérience solide dans le secteur juridique. Il est titulaire d’un baccalauréat de l’Université de Yale et d’un doctorat de la faculté de droit de l’Université Columbia.

La Dre Michelle Budd travaille auprès de l’équipe de la gestion des risques et de la conformité de dentalcorp en tant que consultante en sécurité des patients. Elle a obtenu son doctorat en chirurgie dentaire auprès de l’Université Western. Tout en dirigeant une clinique dentaire très active, elle a également obtenu une maîtrise en santé publique. Michelle offre des services de conseil en dentisterie à de nombreuses sociétés d’assurance et à de nombreux organismes gouvernementaux et s’est déplacée partout au Canada pour aider les cliniques dentaires à atteindre et à maintenir la conformité aux normes professionnelles.

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